L’urgence de la sobriété numérique

PARTAGER

    Le développement du télétravail depuis la crise sanitaire amène à s’interroger sur l’impact environnemental de ces nouvelles pratiques.

    La crise sanitaire n’a en effet pas ralenti la crise écologique que nous traversons. Il est donc indispensable de se poser les bonnes questions, et d’agir concrètement.

    L’impact du numérique sur l’environnement

    Le défi du 21ème siècle consiste sans nul doute à réduire l’empreinte écologique de l’homme. Les dégâts sont d’ores et déjà considérables. Cependant, la prise de conscience planétaire peut laisser espérer des changements profonds.

    Par le passé, le numérique est bien souvent apparu comme la solution miracle à la crise écologique. « Fini le papier ! Grâce à internet : sauvez des arbres. » Ces réflexions un peu simplistes ont rapidement été remises en cause. En effet, il apparait désormais que le digital est également générateur de pollution. Les chiffres sont d’ailleurs alarmants.

    Car en effet, le numérique, ce n’est pas seulement du virtuel. C’est aussi du concret, et c’est ce qu’on appelle la matérialité du numérique : les câbles, matériels, serveurs, etc. derrières nos écrans.

    Aujourd’hui, on évalue donc à près de 4%, la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre. Mais sa croissance est exponentielle. En effet, chaque année, les systèmes numériques consomment +9% d’énergie. On peut ainsi prévoir qu’en 2025, presque 10% des émissions de gaz à effet de serre proviendront de ce secteur.

    Bien sûr, il n’est pas question de jeter l’opprobre sur le numérique et de l’accuser de tous les maux. Il est évident que dans certains cas, le digital est la solution adéquate pour réduire son empreinte environnementale. Cependant, aux vues des données évoquées précédemment, il est nécessaire de réinterroger l’usage du numérique afin de réduire son impact négatif sur la planète. D’autant plus, lorsque l’on sait que seuls 27% des français sont conscients de l’impact du numérique sur l’environnement.

    Qu’est-ce que la sobriété numérique ?

    Comment peut-on expliciter ce concept ? Si l’on s’en réfère à la définition donnée par l’association GreenIt en 2008, il s’agit de la « démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer ses usages numériques quotidiens ». Il est donc important de comprendre que cette notion est applicable à la sphère privée et professionnelle.

    Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, la sobriété numérique a été prônée par les chercheurs, les associations. Puis elle a été progressivement intégrée au milieu de l’entreprise. Aujourd’hui, elle s’invite dans le domaine législatif, notamment avec la loi « Pollution numérique ».

    Pour aller plus loin, il est intéressant de réfléchir à la sobriété numérique en y superposant la définition du développement durable et ses trois piliers. En effet, on définit souvent le développement durable comme un « développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. ». Il est composé des piliers économique, humain et environnemental.La sobriété numérique s’intègre également dans ces trois domaines en changeant les modes de production, en réduisant la fracture et la charge mentale numériques ou encore en limitant les gaz à effet de serre.

    Concrètement, quelles solutions mettre en place ?

    Selon un sondage, près d’un français sur deux, sont prêt à agir concrètement en faveur de l’environnement. Ils manquent cependant parfois de repères concrets et simples, notamment en matière numérique.

    Voici quelques pistes qui s’appuient sur les principes du zéros déchet, à savoir les 5 R :

    1. Refuser : Ce premier principe est à la fois simple et complexe. Il s’agit de se détacher des modes et tendances pour trouver les outils les plus adaptés, efficaces et bons pour la planète. Et cela implique souvent de renoncer aux modèles dominants comme ceux des GAFAM. Entreprise ou privé, la solution de facilité est de se tourner vers Teams, Google, etc, alors que des alternatives françaises et plus propres existent.
    2. Réduire : Vous pouvez bien évidemment réduire vos équipements informatiques. Pour se faire une idée, rappelons qu’en 2019, selon le CERDD, « l’univers numérique était constitué de 34 milliards d’équipements pour 4,1 milliards d’utilisateurs, soit 8 équipements par utilisateur »…
      Mais la réduction concerne aussi les données et votre temps de connexion. Pour cela, faites régulièrement le tri dans votre cloud, et évitez l’envoi de pièce jointe trop volumineuse.
      Pensez également à réduire votre temps de connexion. Pour cela, les paramètres de votre mobile peuvent vous aider. Certaines plateformes proposent également des systèmes de notification adaptés qui vous permettent de respecter votre vie privée.
    3. Réutiliser : Il est capital de lutter contre l’obsolescence programmée (ensemble des techniques par lesquelles une entreprise vise à réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement, et donc ses bénéfices). Pour cela, optez pour du matériel réutilisé ou d’occasion.
      Dans le milieu professionnel, il est également important de s’interroger sur la mutualisation des ressources.
    4. Recycler : Difficile dans le domaine du numérique de recycler. En effet, le taux de recyclabilité du matériel informatique est très faible. Alors cherchez surtout les lieux adéquats pour jeter vos équipements en fin de vie. Ils contiennent bien souvent des produits hautement toxiques.
      Lorsque que l’achat d’occasion n’est pas possible, n’hésitez pas à opter pour l’écoconception, qui peut utiliser des matières recyclées.
    5. Rendre à la terre : Cette démarche peut être entreprise à titre individuel, ou collectif au sein de son organisation. Sensibilisez autour de vous, compostez vos déchets organiques ou compensez votre empreinte carbone.

    Et lorsqu’on sait qu’à l’échelle d’une entreprise de 100 collaborateurs, envoyer des courriels sur un an représente l’équivalent de 2 tours du monde en voiture… on se dit qu’il n’y a plus une minute à perdre !